Jean-Marie Le Pen, un tonton flingueur en politique !

Les amitiés de Jean-Marie Le Pen, c'est toute une histoire. Au-delà des accusations portées sur sa ligne politique, l’on peut jeter, non sans une pointe de nostalgie, un regard dépassionnés sur le passé de cet homme aux mille facettes. Un temps où le meilleur ennemi des médias fricotait avec le tout-Paris de la danse et des cabarets aussi bien qu’avec un éminent membre de la pègre de Pigalle. Décapotables américaines, lunettes fumées, filles de joies, vapeurs d’alcool et camaraderie sentant la poudre… Plongée dans la France des années 50. Et peut-être une future série Netflix ?

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Les amitiés de Jean-Marie Le Pen, c'est toute une histoire. Au-delà des accusations portées sur sa ligne politique, l’on peut jeter, non sans une pointe de nostalgie, un regard dépassionnés sur le passé de cet homme aux mille facettes. Un temps où le meilleur ennemi des médias fricotait avec le tout-Paris de la danse et des cabarets aussi bien qu’avec un éminent membre de la pègre de Pigalle. Décapotables américaines, lunettes fumées, filles de joies, vapeurs d’alcool et camaraderie sentant la poudre… Plongée dans la France des années 50. Et peut-être une future série Netflix ?

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Paris sous la lune et les néons

Avec un tempérament brut de décoffrage, un passé militaire, un goût pour les bars et la chanson, il fallait s’attendre à ce que Jean-Marie Le Pen côtoie des figures à la hauteur de son personnage.

La montée à Paris pour les études lui permet de croiser les gloires de l’époque, comme Orson Welles par hasard dans les jardins du Luxembourg.

Jeune politique ami du fort en gueule Pierre Poujade, on le croise dans les cabarets, en bagarres avec des videurs, attablé avec Lady Patachou qui chante en coupant les cravates des clients au ciseau, en train de trinquer avec Michou dans l’océan de paillettes des nuits parisiennes. Les forts des Halles et les vieilles courtisanes font une assemblée pittoresque pour un politicien qui préfère la chaleur des bistrots au confort des bureaux. Amateur de musique et de danse, il ne connaît pas que les cabarets mais se retrouve aussi en dîner avec le célèbre chorégraphe Serge Lifar ou le compositeur socialiste Marcel Mouloudji.

Le temps d’un coup d’épée

Dans le rocambolesque carnet d’adresses du Menhir, on trouve aussi le Marquis de Cuevas, noble espagnol célèbre pour sa troupe de ballet, financée à perte par les rentes de sa femme, une Rockfeller. En 1958, il a une altercation avec Serge Lifar à propos de l’organisation d’un ballet, et les deux hommes décident de régler cela par un duel, l’avant-dernier duel à l’ancienne connu en France.
Et Cuevas demande à Jean-Marie Le Pen d’être son témoin !

La pratique du duel est interdite en France, cependant la nouvelle a fait le tour des salons, et un événement aussi inhabituel a rassemblé son lot de photographes et journalistes. Dans un parc, Cuevas et Lifar échangent quelques bottes, avant que le marquis ne verse le premier sang en touchant le célèbre danseur ukrainien au bras. Aussitôt vainqueur mais désolé d’avoir touché son ami, il s’effondre… dans les bras de Jean-Marie Le Pen, qui se tenait près de lui, affublé de son légendaire bandeau.

Le Menhir et Monsieur Eric, comme un parfum de roman

L’histoire tourne au scénario de film au début des années 60, quand Le Pen se lie avec Henri Botey, qu’on appelle “Monsieur Eric” dans le milieu de la pègre parisienne. C’est un parrain qui a fait son trou en gérant des hôtels roses, marié à l’ancienne courtisane Carmen Vallet, excentrique dame de 15 ans son aînée qui est aussi son associée en affaires. Entre les filles et les pintes, les deux hommes nouent une amitié atypique.

Botey est sensible à la droite populaire que veut incarner Le Pen avec Poujade. Comme lui, il est Pupille de la Nation, fils d’un père tué par les Allemands. Comme lui, il est un peu hâbleur, prompt au coup de poing à la fermeture des bars, gaillard amateur de jolies filles. Par excentricité et par affection, le gangster offre même à son ami un caniche nain argenté, race de luxe qui s’ajoutera à l’interminable bestiaire de Jean-Marie Le Pen. Rareté des raretés, le bichon est homosexuel et fait des tours de cirque avec des ballons.

Le Menhir et “Monsieur Eric” connaissent des trajectoires bien différentes, surtout pour Le Pen qui rejette les compromissions politiques “barbouzesques”. Fidèle néanmoins en amitié, même pour les plus insolites, Le Pen prendra plus tard Henry Botey comme parrain de… sa fille Marine. Après le refus d’un ami industriel, le Menhir propose à sa femme cet ami de jeunesse comme parrain du bébé. Ne le connaissant pas, un peu perdue dans l’organisation du baptême, Pierrette Le Pen accepte.

L’affable mafieux s’assure de la plus belle cérémonie possible pour sa filleule, et invite les Le Pen à son appartement : sa compagne Carmen sympathise avec Pierrette, et lui offre cachemires et fourrures pour sa toilette de baptême. Grâce au prestige de parrain de son parrain, Marine Le Pen sera baptisée dans l’iconique église de la Madeleine !

Botey sait gré au Menhir de sa droiture, quand des hommes de main viennent l’intimider un jour chez le coiffeur : le menaçant pour des rivalités “d’affaires”, l’un d’eux lâche, méprisant : “tu fricotes avec du beau linge”. Du tac au tac, Monsieur Eric comprend l’allusion et répond sèchement “Laisse mon ami Jean-Marie en dehors de tout ça”.

Dans les années qui suivront, la guerre des gangs à Pigalle fera d’Henri Botey la cible de trois attentats, à la bombe ou au pistolet. Jean-Marie Le Pen aura son lot d’attaques aussi, avec plusieurs tentatives d’assassinat dont le plastiquage de son immeuble en 1976. Ou comment se retrouver avec des points communs malgré des carrières bien différentes.

Si le Menhir aura toujours évité les magouilles dans sa politique, il aura croisé au cours de ses aventures des personnages qui auraient eu leur place dans un roman noir, ou dans un scénario de film.