Jean-Marie Le Pen n’a jamais commandité d’attaque armée ou attentat quelconque contre ses opposants au cours de toutes ses années au Front National. Il est difficile d’assurer l’inverse : les attaques, et même, oui, les attentats, ont été des épisodes réguliers de la carrière du Menhir.
Un des derniers hommes politiques français visés par un attentat
Le moment le plus marquant de la série noire est sans doute l’attentat de la Villa Poirier en 1976 : une bombe, l’équivalent de cinq kilos de dynamite, fait exploser l’immeuble où vit la famille Le Pen. Marine, âgée de 8 ans, se retrouve en pyjama dans la rue, au milieu des décombres. La famille, blottie sur une moitié de parquet, doit attendre l’échelle des pompiers : par une chance incroyable il n’y aura aucun mort, alors que la moitié du bâtiment est en ruines. Un bébé des voisins s’en tire avec un bras cassé après que son berceau ait chuté de cinq étages. Mais même après cet événement, attribuable soit à l’extrême gauche soit à l’extrême droite la plus radicale, sans que l’on puisse vraiment identifier de responsables, c’est Jean-Marie Le Pen qui continuera d’être qualifié de haineux et violent.
Nécrologie militante
Cet événement n’est ni le premier ni le dernier des attentats contre le FN ou contre ce qui se rattache au nom de Le Pen. Quelques années plus tard, en 1978, c’est François Duprat, haut cadre du FN et théoricien politique renommé parmi les jeunes militants, qui décède dans l’explosion de sa voiture piégée sans que l’on puisse jamais retrouver les coupables.
Les attaques se suivront, souvent sans véritables suites judiciaires : bombe à Toulouse dans la salle Jean Mermoz, empêchant la tenue d’un meeting de Jean-Marie Le Pen, charges pour “casser du Français” et attaque à la voiture-bélier contre une manifestation du FN à Marseille en 1987, agression contre Jean-Marie Le Pen lui-même à Vitrolles en 1997 ; en mai 2002, dans le contexte tendu de l’élection présidentielle, un ancien de la LCR trotskiste, après 3 semaines d’infiltration au FN, tente d’égorger la responsable yvelinoise du parti à Versailles. L’agression fatale sera empêchée in extremis par des collègues de l’élue..
Agressé par un député !
Plus hallucinant encore, il y a ce jour de mars 1988 où un groupe d’activistes s’en prend à Jean-Marie Le Pen au sortir de l’Assemblée nationale, sous la conduite… d’un député du PS et sociologue, Michel Charzat, directeur de campagne de François Mitterrand, dont les militants aspergent Jean-Marie Le Pen et ses camarades. Imagine-t-on aujourd’hui les réactions si un député RN s’en prenait à des collègues de gauche à la lacrymo ? L’histoire n’aura pas de suites à l’assemblée ou en justice.
Les attentats et agressions subis par Jean-Marie Le Pen auront inévitablement influencé sa carrière politique et sa perception par le public. Certains auront bien sûr été effrayés, mais loin de repousser les militants de telles méthodes haineuses auront plutôt renforcé la cohésion des membres du FN et la fidélité à leur hiérarchie. Ces attaques, surprenantes par leur nombre et par l’indifférence médiatique et judiciaire qu’elles ont entraînées, restent à leur manière des événements historiques qui ont façonné l’histoire politique de la France.