Jean-Marie Le Pen, icône pop ?

Boxeur, chanteur, bagarreur, blagueur, un peu hâbleur, et fort en gueule quand même : “le Menhir” (rien que ce surnom !) jure dans l’assemblée sérieuse des politiciens français, où les écarts aux bonnes manières relèvent plus souvent de la corruption que des grandes aventures. Jean-Marie Le Pen, après avoir fait les choux gras de la presse par des situations toutes plus improbables les unes que les autres, est aujourd’hui un monument de la culture populaire, jusque sur Internet.

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Boxeur, chanteur, bagarreur, blagueur, un peu hâbleur, et fort en gueule quand même : “le Menhir” (rien que ce surnom !) jure dans l’assemblée sérieuse des politiciens français, où les écarts aux bonnes manières relèvent plus souvent de la corruption que des grandes aventures. Jean-Marie Le Pen, après avoir fait les choux gras de la presse par des situations toutes plus improbables les unes que les autres, est aujourd’hui un monument de la culture populaire, jusque sur Internet.

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Un tableau sympathique

Jean-Marie Le Pen débarque déjà dans l’imaginaire des Français comme “le borgne”, avec un cache-oeil de pirate, qu’il porte en meeting, ou pour servir de témoin dans un duel à l’épée ! Détracteurs et camarades le surnommeront ainsi “Neuneuil” après son passage à l’œil de verre pour avoir une mine moins patibulaire auprès du public.

Les visuels pittoresques s’enchaînent aussi, à tous les âges de sa vie, comme pour un roman photo : en planche à voile, avec un narguilé, en train de boxer. Aujourd’hui on les trouve çà et là sur internet, mais dans les années d’avant ce genre d’images faisaient d’incroyables couvertures de presse : témoin le dossier du Canard EnchaînéLe Pen le vrai”, paru en 1992.

La communication du FN saura jouer de cette image décalée, avec des affiches passées à la postérité comme celle de Jean-Marie Le Pen en chef indien, à une époque où le pape s’affiche avec la même coiffure au cours de visites aux USA ou au Canada. Comme lors de la rencontre avec Saddam Hussein, c’est une rare image où Jean-Marie Le Pen donne l’impression d’une stature internationale, mais toujours assez pour bâtir la légende.

le pen chef indien

Un franc-parler bien français

Un autre côté de Jean-Marie Le Pen qui l’a inscrit dans la culture pop est sa gouaille. Par rapport aux intonations stéréotypées des plateaux télé, le président du FN se fait remarquer, et même avant avec ses camarades poujadistes, par sa langue bien pendue, qui ne s’interdit ni la culture érudite ni des expressions familières. Au risque parfois de causer les polémiques que l’on connaît… ou d’en éviter sans détours !

Juste un homme

Et puis l’ambiguïté de la figure de Jean-Marie Le Pen a aussi contribué à sa popularité informelle : ce colosse grande gueule, présenté comme une menace fasciste, régulièrement cible d’attaques morales et même physiques, n’a pourtant jamais abandonné son engagement, et a plus souvent été vu souriant que haineux. Ce contraste, avec le côté “interdit” de la sympathie pour une figure aussi réprouvée, a évidemment pu alimenter l’intérêt du public pour le Menhir et son mythe.

On a aussi vu fleurir les tops en articles ou en vidéos sur les sorties les plus épiques de Jean-Marie Le Pen, de ses emportements fleuris contre des journalistes ou contre le “pédophile Cohn-Bendit” à des moments plus lyriques comme le fameux “Jeanne au secours” détourné et remixé de nombreuses fois.
Clivant, il l’aura été. Mais par rapport à la plupart de ses contemporains politiciens, Jean-Marie Le Pen aura laissé une image d’excentrique dans la culture, celle d’un homme charismatique, drôle même, à la répartie vive et à l’abnégation sans faiblesse malgré l’opposition contre lui.